Prédication : D’Esaïe à Marc…dans le désert ! (6 Décembre)

Prédication : D’Esaïe à Marc…dans le désert ! (6 Décembre)

Lectures : Marc 1, 1-11 et Esaïe 40, 1 à 10 

 

Prédication

C’est avec ses 11 versets que le prophète Esaïe débute ce qu’on appelle le « livre de la consolation ».

Près de 500 ans avant Jésus-Christ, Israël a perdu la guerre, et a été pratiquement rayé de la carte.

Toutes les personnes qui avaient un rôle d’importance dans la société  sont arrêtées et déportées au loin, vers un pays étranger, la Mésopotamie, à Babylone.

47 années passent. 

Une nouvelle génération a grandi qui ne connaissait plus le pays de Juda qu’au travers des récits des parents et des grands-parents et par le culte du sabbat à la maison ou peut-être à la synagogue.

Sans doute beaucoup avaient abandonné tout espoir de revoir un jour leur patrie et avaient fini par accepter cet état de choses, mais certains essayaient d’entretenir la flamme par des chants.

Vous connaissez bien le psaume  137 qui résume leur état d’esprit :

« Sur les bords des fleuves de Babylone,

Nous étions assis et nous pleurions,

en nous souvenant de Sion.

Aux arbres de la contrée

Nous avions suspendu nos harpes.

 Là, nos vainqueurs nous demandaient des chants,

Et nos oppresseurs de la joie:

  • Chantez-nous quelques-uns des cantiques de Sion!

Comment chanterions-nous les cantiques de l’Éternel

Sur une terre étrangère et idolâtre?

Si je t’oublie, Jérusalem,

Que ma droite m’oublie!

Que ma langue s’attache à mon palais,

Si je ne me souviens de toi,

Si je ne fais pas de toi le sujet de ma joie! »

La malédiction les a frappés… une fois de plus et serait-ce pour toujours ?

Leur sort semble irrémédiablement scellé !

Mais maintenant, on parle de changements sur la scène internationale.

Un roi perse, Cyrus s’est mis en marche.

Alors un prophète de l’exil, qui s’exprime dans les chapitres 40 à 55 du livre d’Esaïe, a osé dire le rêve de Dieu à haute voix, car il n’y a pas que les hommes qui sont porté par des rêves à la Luther King… Plus d’une fois dans l’histoire Dieu aussi est porté par un rêve :

 “Réconfortez O consolez mon peuple», dit votre Dieu.

«Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui qu’elle a payé sa dette,

que sa peine est purgée ».

Au beau milieu des lamentations, de l’amertume, pire du désespoir, se fait entendre ce chant d’espérance.

Tout comme l’Éternel avait emmené les enfants d’Israël de l’esclavage en Egypte à la liberté, Dieu est sur le point d’agir pour apporter la liberté et de la rédemption pour les exilés de Babylone.

  • Alors quelles sont les réactions ?
  • Comment réagirions-nous nous-mêmes ?

Le peuple est assis là dans son exil et sa résignation...se disant que le Prophète doit avoir des hallucinations.

Tout au cours de son histoire Israël en a connu beaucoup de ces faux prophètes qui annoncent en proclamant le nom de Dieu la libération.… Et combien de fois le peuple a-t-il été trompé et déçu. ?

Il semble bien que Dieu lui-même les aurait abandonnés.

Toutes ces promesses ne sont-elles pas de vaines chimères ?

une énième manière de nous tromper et nous faire perdre l’attention de chaque jour,  pour finalement mieux nous exploiter ?

Nous connaissons cela en politique, c’est à qui en promet le plus… toujours !

Nous on veut du concret, que cela change !

Qu’on nous apporte de vraies solutions !

Mais vos solutions concrètes c’est encore du rêve dit le prophète !

Vous vous illusionnez sur vos capacités…

En effet la vie humaine est comme l’herbe qui flétrit au soleil brûlant.

Mais Dieu, Oui Dieu,

 celui dans lequel vous ne voulez plus espérer,

celui qui vous semble si lointain et irréel, Dieu est le seul socle stable.

Quand Dieu dit : « je vais te sortir de là ! »… alors cela arrive aussi.

Le prophète savait que toutes les douleurs du peuple ne touchaient pas à leur fin mais il appelle le peuple à regarder un horizon plus lointain et plus grand qu’une simple réanimation, qu’un simple sauvetage, à regarder l’horizon avec une confiance renouvelée.

Car la manne pour eux à ce moment-là, ce n’était pas encore la liberté,

mais l’espérance d’un avenir meilleur.

Les gens auraient préférés un puissant libérateur pour les sortir de là en un instant, sans attendre.

Comme toujours un puissant libérateur qui ferait tout le travail à leur place…

… et qu’on pourrait remplacer sitôt qu’il n’est plus à notre goût, qu’il devient gênant.   Mais le prophète leur propose une autre voie en les a invitant à se consoler, à se supporter les uns les autres : à  s’encourager,  mutuellement.

N’avons-nous pas reçu nous-mêmes une parole d’encouragement à offrir et à partager ?

A notre époque aussi, les gens cherchent (j’en suis convaincu !) une parole d’espérance et d’encouragement.

Mais les chaines d’info continue déversent 24 h sur 24 le même journal d’horreurs : pandémies, guerre, terrorisme, violence sociale, valse des chiffres affolants, chaos annoncé de l’économie et incertitude radicale pour notre avenir.

Mais le Prophète nous invite à nous consoler et nous encourager mutuellement !

Il nous invite à la solidarité morale et matérielle – dés maintenant.

Un peu comme pendant la guerre la France des campagnes soutenait la France des villes qui avait faim. C’est là le chemin.

Nous devons regarder vers l’avenir avec courage et non avec résignation.

 Mais l’espérance  suppose aussi que, tôt ou tard, la victoire appartiendra à Dieu.

Mais parce que la puissance de Dieu n’est pas celle des dictateurs, elle n’écrase pas, mais guide, oriente, accompagne. Il porte dans ses bras et contre son cœur les agneaux. La Voilà,  la véritable puissance de Dieu.

Oui ! Ce n’est pas seulement les dirigeants politiques, pas seulement les leaders religieux et sociaux qui ont des rêves. Dieu a aussi un rêve pour le monde qui nous a été donné.

Pour rencontrer Dieu, pour partager son rêve,

Pour entendre sa voix qui crie son rêve pour notre humanité

 nous avons besoin de trouver notre désert ….

Quand les agences de voyages et les frontières réouvriront, à coup sûr de nombreux touristes chercheront comme avant à vivre l’expérience du désert !

Il y a des tour operator qui vous vendent des séjours à prix d’or pour aller voir le désert… pour aller voir un lieu où il n’y a rien  à voir… c’est désert !

Du point de vue biblique, le «désert» évoque un lieu intime et un défi personnel, psychologique et spirituel, en fait un lieu où rien ne peut s’interposer entre vous et Dieu, là où il n’y a plus d’artifice possible : pas d’arbre pour nos puériles parties de cache-cache et pas de masque non plus bien commodes au demeurant lorsque nous préférons cacher nos émotions.

La question pour vous et pour moi, , est «où est mon désert personnel?”

Où est la place où Dieu peut me rencontrer, me prendre à part…

Me parler ouvertement – sans que rien ne s’interpose entre lui et moi...et me rassurer que ma vie est entre ses mains aimantes, tout aussi sûrement que les agneaux dans les bras du berger dans le texte d’Esaïe?

Où est cet endroit solitaire où Dieu peut me montrer les besoins de ceux qui vivent le plus souvent dans des lieux beaucoup plus hostiles de notre monde, tout ceux qui, comme moi, quoique de manières différentes, sont parfois pauvres, les malades et les aveugles, et ont besoin de mon aide ?  Une chose est sûre.

 Ce lieu désert est un endroit très proche de là où je vis ma vie quotidienne.

Pas la peine de chercher un tour operator direction le Saraha, le Negev ou le désert de Gobby!  Simplement trouver votre désert !

Je ne sais pas qui est Isaïe dans notre époque moderne…

…mais Marc nous dit que, de son temps,

 la voix qui a appelé à préparer la route dans le désert n’était autre que celle Jean-Baptiste.

Son message a appelé les gens de la ville, loin de leurs centres de pouvoir et d’autorité religieuse, vers une confrontation intime avec Dieu, une confrontation qui comprenait la repentance et la nouvelle naissance.

Cet espace désolé, où nous sommes appelés,  c’est peut-être ce temple avec ces bancs laissés vides un rang sur deux aujourd’hui, ou peut-être la petite église de votre quartier qui reste ouvert la journée ;  peut-être une autre fois ce n’est pas tant un lieu qu’un temps : peut-être  l’heure entre midi et 13 heure à votre bureau. Parfois, c’est le temps d’une marche (d’une heure ou de trois heures… aujourd’hui vous avez le droit !), où même une longue attente à l’accueil des urgences, ou encore une heure d’insomnie certaine nuit…ou encore tout autre moment –  que vous pouvez choisir de consacrer à Dieu.

Dieu vous répond dans cet espace où vous pouvez  être seuls avec Lui…

  • Un lieu où les charges et la culpabilité de votre journée peuvent être oubliées un instant pour entendre Dieu vous dire que votre péché a été pardonné
  • Un lieu pour entendre que la confiance et la tendresse sont au cœur de son message pour vous, pour votre entourage et pour le monde !

Dieu cherche par amour à créer et recréer  une relation  avec nous pour ensuite nous faire sortir du désert et nous conduire à une vie nouvelle.

C’est ici, c’est là que commence la bonne nouvelle !

L’évangile de Jésus-Christ !

Commencement de l’évangile de Jésus-Christ – fils de Dieu… ainsi Marc commence son livre… et ainsi aujourd’hui premier jour de la semaine commence pour nous aussi la bonne nouvelle de Jésus-Christ : dans nos déserts – une voix crie et nous partage le rêve de Dieu pour notre vie ! Grâce lui soit rendue ! Amen.

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