10 Janvier : l’Evangile selon Esaïe

10 Janvier : l’Evangile selon Esaïe

Lectures du jour : 1 Jean 5, 1-9 / Marc 1, 7-11 / Esaïe 55, 1-11  

Qu’il est beau l’Évangile selon Ésaïe !

Oui je dis que cette page d’Ésaïe est bien plus qu’une page de prophète, c’est une page d’évangile,

c’est une page de “bonne nouvelle” qui fait la Une de nos lectures aujourd’hui !

Une page que nous devrions méditer quotidiennement, fidèlement

une page que nous devrions réciter par cœur intérieurement chaque fois que nous ouvrons la bible,  chaque fois que nous nous apprêtons à y entendre une parole de Dieu pour nos vies :

  • la Parole qui sort de la bouche de Dieu, ne revient pas à lui sans effet, sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger… La parole de Dieu ne remonte pas à lui sans résultat, sans avoir accompli sa mission !

 Hola ! vous tous qui avez soif !

  • Que tous ceux qui ce matin ont soif lève la main !

C’est pour le moins timide… non ? Çà ne se bouscule pas !

à croire que la majeure partie d’entre nous n’a pas soif, n’a pas faim, n’éprouve aucun besoin, aucun manque !

Si c’est le cas je crois qu’il serait plus sage que je me taise tout de suite !

De quoi avez-vous soif ?

Mais peut-être, me direz vous, la question que je pose ressemble fort à ces formules creuses que l’on s’échange sans y penser quand on se salue :

  • Bonjour ! Comment allez-vous ?

Qui donc se risquerait à répondre en vérité, à une telle question !

Dites-moi franchement…

Comment je vais ?

Si je commence à répondre on va y passer plus d’une heure je vous assure ! Comment je vais… vraiment ?

  • qu’est-ce qui me travaille ? de quoi j’ai soif…

Çà va prendre un moment parce que non seulement mes soifs…elles sont nombreuses et mutiples… mais par ailleurs commencer à mettre des mots là dessus : c’est tout un travail !

Certains mettent des années (et même avec de l’aide qualifiée) pour parvenir à démêler leurs attentes, leurs besoin, leur désir…

Parfois toute une vie ne suffit pas à préciser ce qui est en mesure d’étancher notre soif, ce qui peut apaiser et nourrir la faim qui nous travaille en profondeur !

Hola là ! Venez-vous tous qui avez soif ! 

Si demain cette interpellation vraiment est entendue, ce grand temple sera “ bien trop petit” pour accueillir tous ceux qui ont soif, toutes les Églises de Lyon ne suffiront pas à contenir la foule immense des assoiffés !

Il est fou Ésaïe de lancer pareille invitation !

Faut-il être inconscient de lancer une telle phrase, 6 siècle avant Jésus-Christ, après la chute de Jérusalem, la cité de David (le bien-aimé = puisqu’il c’est là la signification du prénom David), La ville du bien-aimé, Yerushaïm dont le doux nom, contient comme en héritage, le Shalom la paix… Jérusalem n’ai plus qu’un champ de désolation après la bataille quand Ésaïe prononce ces paroles… le temple de l’Éternel bâti par Salomon est détruit, les élites du peuple ont été déportés comme esclave à Babylone…

Et Ésaïe d’interpeller : – Hola, vous tous qui avez soif… venez !

A des gens qui ont perdu leur pays, leur liberté, le sanctuaire de leur prière, leur identité… faut-il être fou pour promettre non seulement de l’eau pour tous, mais encore du lait, et du vin et des viandes succulantes… et tout cela gratuit – sans argent – sans rien payer !

Hola vous tous qui avez soif !

Halte-là ! serions nous plutôt tenté de dire !

  • n’approchez pas ! votre soif qui déjà vous tenaille au plus profond de vous, nous effraie et risque de tout engloutir !
  • … Oui ! tenez-vous à distance ! on va marquer les frontières…

Holà-là vous  tous qui avez soif reculez d’un pas s’il vous plait car, ici nulle abondance… on a déjà tout le mal du monde à gérer notre propre pénurie !

On a connu le manque de masques, le manque de lits,  les vaccins tant espérés nous semblent arriver au compte-goutte…

C’est pas le moment de promettre la lune !

Le banquet annoncé, les viandes grasses et les vins capiteux… attendront la réouverture des restaurants et malheureusement… ce n’est semble-t-il pas demain la veille !

Attention ! faut pas trop nous chauffer !

Car on est déjà sous pression… le moindre attroupement risque de tourner à la catastrophe…

Pas besoin d’aller aux USA pour le savoir…quand les gens n’en peuvent plus… c’est pas le moment de provoquer des mouvements de foule !

…mieux vaut se taire et serrer les dents… que de promettre une abondance qui de toute évidence n’est pas prête de pointer le bout de son nez…

 

Lorsque l’on est plongé en pleine crise : quelle parole est encore audible ? À l’heure des fake news, des theories florissantes du complot et des vraies mauvaises nouvelles… peut-on encore être porteur d’une espérance d’un bonne nouvelle ?

 

Cette question a du traversé l’esprit d’Esaïe : j’en suis sûr !

Cela à du lui perturber le sommeil plus d’une nuit avant de prononcer ces paroles !

La question a du travailler un moment Jésus…aussi j’en suis sûr ! …en pleine occupation romaine… peut-être n’est-ce pas étonnant que le fils de Dieu ait attendu quelques années avant d’inaugurer son ministère public !

Car c’est une audace périlleuse que de porter de bonnes nouvelles dans un tel contexte !

 

Quand les soifs sont aussi immenses que les abysses des océans !

Quand la nuit est sans étoiles, et le quotidien si rude –

Quand “espérance” rime malheureusement tristement avec “indécence” Faut-il se taire ?

L’évangile de Marc, l’évangile de Jésus-Christ  commence à  une altitude négative !

Le jourdain dont le nom évoque précisément le verbe “descendre”, s’écoule dans la vallée la plus basse du globe qui s’achève à – 421 mètres sous le niveau de la mer…

Le jourdain – c’est de l’eau certes mais à son plus bas niveau= un fleuve aujourd’hui boueux… qui se jette dans une mer morte…

C’est là que commence l’évangile selon Marc…

Si la loi de Dieu est donnée au Sinaï – montagne qui culmine à plus de 2285 mètres au dessus du désert… la bonne nouvelle de Jésus-Christ, elle, s’inaugure dans les plus bas-fonds du monde… et aujourd’hui dans la boue… C’est là que Jésus vient pour être plongé !

Quand on est aussi bas, quand on est aussi démuni, quand on est aussi dépouillé… ce n’est pas le moment de dépenser ce qu’on a pour quelque chose qui ne nourrit pas !

Ce n’est plus le moment de se fatiguer pour ce qui ne rassasie pas !

C’est le temps de se tourner vers Dieu d’autant plus qu’il se fait proche en Jésus qui est descendu au point le plus bas de la planète pour nous y retrouver… pour faire corps avec nous…

Le fils de Dieu descent et il descendra encore et encore – toujours plus bas…jusque dans la mort et dans les enfers (nous dira l’évangile de Matthieu)  pour en ouvrir les tombeaux…

Oui Jésus descend jusque dans ces ténèbres-là…à en déchirer le ciel !

La bonne nouvelle résonne aujourd’hui ici-bas !

En pleine incertitude du lendemain : c’est l’heure où Dieu dit son alliance éternelle ! …

Hier comme aujourd’hui c’est au plus bas que raisonne la Parole du très-haut !

C’est sans doute parce c’est là, aussi, que nous pouvons entendre comme une parole qui s’adresse directement à moi et non aux autres l’interpellation de Dieu

…Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées !

Que l’homme arrogant se mette au diapason de l’humilité du verbe qui s’est fait chair !

Que la désillusion radicale ne nous enlise plus dans un cynisme sans horizon mais nous fasse guetter la flamme de l’espérance qui vient dans ce monde éclairer tout homme – chaque être humain

…Oui au plus bas résonne la Parole du très-haut

Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde,

Qu’il se tourne vers notre Dieu qui est riche en pardon.

Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur.

Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées.

 Chers amis, l’Église d’occident et l’Église d’Orient cette semaine vient de fêter la nativité du Seigneur !

Une parole inouïe : la lumière – la bonté – la vérité de Dieu – faites chair !

Espérance  inouïe pour nos vies !

Force de transformation pour chacun d’entre nous – puissance de renouvellement et d’accomplissement : désormais le chemin – la vérité – la vie porte un nom et un visage qui s’approche – qui est parmi nous…

Cela peut paraître bien théorique et dogmatique vu de haut ! Cela devient si existentiel, si vital, si actuel vu d’ici bas … y compris quand on est très bas !

MERCI à Esaïe, d’avoir su discerner en son temps si douloureux et si redoutable de l’Exile à Babylone… oui Merci à Esaïe d’avoir su discerner que ce n’était pas le moment d’enfouir ce trésor d’espérance, de taire le projet de miséricorde et de vie et de joie veritable – porté par Dieu !

Merci au Seigneur Jésus, en son temps – temps trouble d’occupation et de révolte de ne pas avoir renoncé, merci au Christ d’avoir oser se plonger lui-même dans ce fleuve descendant et boueux du jourdain – au point le plus bas de toute la terre – baptisé par Jean –  pour nous dire son ancrage radical dans notre humanité et simultanément nous faire entendre la voix du Père qui nous crie son amour – sa joie – son alliance éternelle.

Qui aujourd’hui est chargé dans notre monde éprouvé de porté ce type de parole !  Qui ?

Qui ? Si ce n’est, notamment ceux qui, de manière tout à fait ordinaire et extraordinaire à la fois,  un matin, le premier jour de la semaine, sont sortis de leur lit pour se mettre à l’écoute…d’une Parole sans cesse nouvelle… ceux qui en ce début d’année 2021 ont eu l’audace d’écouter parler un  Esaïe de l’âge de fer ! et un Jean-baptiste de l’aube de notre ère  ? et Jésus  à jamais se révélant au fond d’une rivière…

Que celui qui a des Oreille pour entendre, qu’il entende

Que celui qui a reçu une intelligence et un esprit pour discerner, qu’il discerne

Que celui qui a été doté d’un coeur et de la parole pour en témoigner : témoigne au coeur de ce monde. Amen.

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