Mini-culte du 17 Mai 2020

Mini-culte du 17 Mai 2020

Regardez et partagez le mini-culte de ce jour proposé par l’Eglise Protestante Unie de Lyon rive gauche, depuis le grand temple de Lyon et depuis les maisons d’Andréa, Anne-Clarisse, Anthony, Christiane, Faniry, Freddy, Gabriel, Gilles, Hélène et Hélène, Hervé, Jean-Louis, Madeleine et Sylviane ! Merci à chacune et à chacun pour ce partage ! Merci à chacune et à chacun pour ce partage !
Dans les textes de ce dimanche (1 Pierre 3, 15-18 & Jean 14, 15-21), nous trouvons simultanément une promesse qui nous réconforte et une interpellation…qui vient nous secouer quelque peu !

 

L’interpellation aujourd’hui nous vient de la première épitre de Pierre, et de sa célèbre exhortation à nous tenir « toujours prêts » à être des témoins :

 

«  dans votre cœur, consacrez le Christ comme Seigneur ; soyez toujours prêts à présenter votre défense devant quiconque vous demande de rendre compte de l’espérance qui est en vous, mais faites-le avec douceur et respect. »

 

Suivant notre tempérament et peut-être aussi suivant notre humeur du jour, nous pouvons recevoir cet appel d’une manière stimulante ou franchement agacée !

Etre tenu de « rendre compte », se sentir en toute situation prêts à faire « l’apologie » (c’est le terme grec qui est ici traduit par « défendre ») – faire l’apologie de sa foi, de ce qui est chevillé à l’intime de notre existence… cela ne va pas forcément de soi !

D’autant plus si comme beaucoup, nous n’avons que trop  fait l’expérience de ces longs et houleux débats au sujet de la foi, dont les arguments n’étaient souvent pas à la hauteur du sujet et dans lesquels, surtout, on était à des années-lumière de cette « douceur » et de ce « respect » si bien prônés dans la lettre de Pierre !

Pourtant il y a un détail qui me semble extrêmement interpellant dans cette exhortation de l’apôtre : il ne nous invite pas à rendre compte de notre « foi » : mais bien de « l’espérance qui est en nous » !

Cela fait une sacrée différence…Il ne s’agit pas d’abord de foi, de croyances, de convictions ou de dogmes qu’il s’agirait de définir… il ne s’agit même pas d’une confiance dont nous pourrions expliciter sur quoi (ou sur qui) elle s’enracine : il s’agit d’abord d’expérimenter une attente réelle qui nous porte vers un à-venir nouveau : l’Espérance qui est en nous  !

Cela vient donc très directement (voir brutalement !) nous poser la question de ce que nous espérons encore ? Avons-nous encore une espérance ? Pour nous même ? Pour notre monde ? Pour l’Eglise universelle et pour nos paroisses ? Attendons-nous encore activement quelque chose dans notre vie… et en l’occurrence quelque chose de véritablement bon ?

Se poser la question, peut se révéler redoutable, car se poser la question revient à soumettre sa foi à un sérieux test de dépistage ! Il ne se pratique pas avec un écouvillon dans les voies nasales – pourtant il a bien à voir avec la respiration spirituelle de notre existence !

  • Quelle espérance est en nous ?

Voilà la question-test de ce jour !

Et voici l’occasion de vérifier si nous ne serions pas nous aussi atteint par cette pandémie de la désespérance, plus délétère peut-être que celle du COVID – car elle risque de nous rendre incapables de relever le défi impératif de construire ensemble aujourd’hui le monde de demain.

Ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas de savoir si l’on est d’un tempérament plutôt « optimiste » ou plutôt « pessimiste »… il ne s’agit pas de savoir si l’on est d’un naturel plutôt visionnaire ou plutôt pragmatique… car au final l’espérance véritable n’est pas affaire de caractère.

Le test de l’espérance est -pour la foi chrétienne –quelque chose de beaucoup plus décisif puisqu’il s’agit, rien de moins, que de vérifier si nous avons ou non déjà évacué de nos petites équations personnelles et collectives, la présence vivifiante et féconde de Dieu.

Jésus dans l’évangile de ce jour semble très conscient de la menace que fait peser sur ses disciples ce sournois virus de la désespérance qui prospère toujours sur l’absence et sur le vide :

« Moi, je demanderai au Père de vous donner un autre défenseur pour qu’il soit avec vous pour toujours, l’Esprit de la vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous et qu’il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous. »

Ce qui est en jeu dans ce discours de Jésus, à la veille de sa Passion, et qui annonce non seulement Pâques – mais déjà Pentecôte : c’est la promesse que jamais Dieu ne déserte notre expérience humaine – même si les modalités de sa présence change –  il est sans cesse celui qui vient à nous, sans cesse celui que nous sommes en droit d’attendre, sans cesse celui qui porte notre espérance.

Car c’est bien l’espérance qui caractérise la vie – les gestes – les rencontres –la mort, et la résurrection de Jésus-Christ !

Alors si, au moment du « test de l’espérance », il y a un instant- nous nous sommes sentis un peu frémir, en prenant conscience que nous avions un peu de mal- à la formuler – peut-être même à la repérer cette espérance au-dedans de nous… alors c’est qu’il est temps pour nous de commencer une autre histoire !

Parce qu’« espérer c’est commencer ! »

La formule est du théologien Jürgen Moltmann, qui a développé tout au long de sa vie une monumentale et créative « théologie de l’espérance »… Et en fait c’est bien Dieu qui en Jésus, le premier a commencé cette autre histoire… lui le premier qui a commencé à espérer… en nous ! Non pas parce que nous aurions déjà fait nos preuves, mais qu’il en est ainsi de la dynamique même de l’amour : sans cesse espérer pour l’autre.

C’est bien cela l’oxygène de la vie spirituelle – c’est bien cela que nous manifeste et  que nous manifestera l’Esprit Saint –  Alors cessons de ne plus rien attendre… et commençons !

Commençons même très timidement – même de manière très modeste : commençons à faire des projets… commençons à poser des gestes et des paroles de vérité, de pardon, de réconciliation. Commençons à vivre autrement, à consommer autrement, à nous déplacer autrement, à tisser nos relations autrement…

A coup sûr cela interpellera nos contemporains, et peut-être que nous serons tout surpris de nous voir questionné sur cette espérance au-dedans de nous qui intrigue en dehors de nous… et qui sait, nous serons plus surpris encore de trouver en nous même des mots nouveaux pour rendre compte de cette espérance – que Dieu dépose au-dedans de nous !

C’est là ma prière et mon espérance pour chacun de vous.

Pasteur Pierre Blanzat

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