Mini-Culte Vidéo du 26 Avril : Notre chemin d’Emmaüs

Mini-Culte Vidéo du 26 Avril : Notre chemin d’Emmaüs

proposé par l’Eglise Protestante Unie de Lyon Rive-Gauche, depuis le Grand Temple de Lyon et depuis nos maisons, avec Aimé, Alex, Duong, Frédéric, Freddy, Gilles, Françoise, Hélène, Hélène & Hélène (!!!), Huy, Jean, Marleine, Michel, Morgan, Philippe Alain et Sylviane.

Mini-Méditation du mini-culte vidéo du 26 Avril

Lecture Biblique : Evangile de Luc 24, 13-35 / pasteur Pierre BLANZAT

 Emmaüs…

Comme vous peut-être, j’aime profondément cette page d’évangile… c’est l’une de mes favorites !

 

Il suffit que je l’entende pour me retrouver soudainement moi-même sur ce chemin crépusculaire, certes un peu seul au début mais rapidement rejoint par d’autres et surtout par un compagnon inattendu – à la fois inconnu au premier regard et peu à peu familier qui pourra se révéler comme le Christ vivant, pour peu que je prenne la peine de le retenir à ma table…

Emmaüs, un chemin, une auberge, un village au nom évocateur, même si de nos jours on peine à le situer sur une carte : plusieurs lieux proches de Jérusalem revendiquent d’être le lieu authentique…

Réchauffer nos cœurs

Emmaüs, dont le nom signifie « sources chaudes »… et il va bien s’agir effectivement de réchauffement – réchauffement du cœur des disciples – qui au crépuscule de cette belle aventure vécue avec Jésus, se retrouvaient seuls, découragés, et comme ayant perdu le feu de l’amitié et le feu de la  bonne nouvelle qu’ils avaient pourtant tant espérés !

Les soirs de déroute, où nous n’avons plus qu’une envie c’est de nous éloigner du lieu de notre malheur – nous connaissons – l’urgence de quitter nos Jérusalem de souffrance – en quête d’un ailleurs et d’un peu de chaleur… nous connaissons… les soirs de deuil où l’injustice et la mort ont arraché à notre affection un bien-aimé… nous connaissons aussi…

J’ai souvent prêché sur ce texte dans l’accompagnement de famille en deuil et dans ces jours où nombre d’entre nous sommes touchés de plus ou moins près par des décès liés directement ou indirectement à cette pandémie… Où la possibilité même de pouvoir se dire adieux, de pouvoir se recueillir, se prendre dans les bras, pleurer ensemble nous est interdite –  il est bon de savoir que nous ne sommes pas seuls sur nos routes, que nos chemins restent ouvert à la rencontre – au compagnonnage du Christ- et qu’il y aura au bout du chemin des gestes qui permettront à la lumière de se faufiler jusqu’à nous et qu’il  y a des présences qui se font sensibles même quand nos yeux sont voilés par le chagrin.

Un deuil… à ne pas faire !

Mais ce soir-là, ce deuil qui afflige les disciples sur le chemin d’Emmaüs… n’est pas un deuil à porter !

Car tous les deuils ne sont pas à porter !

Jésus est vivant, il est ressuscité ! …

Il est des deuils qu’il ne faut pas faire – puisque  leur objet  n’est pas mort… et je me dis en lisant ce texte – et je me redis en lisant la presse aussi… que déjà – alors même que nous sommes encore en confinement…

…nombreux sont ceux qui semblent pressés d’enterrer cette période et de passer aux oubliettes du même coup les germes de réflexion et d’espérance, les prises de consciences saines et bienvenues, les rêves audacieux – les possibles ouverts pour que le jour d’après soit réellement différent !

…le jour d’après

Je peux imaginer sans peine les soirs prochains, si ce n’est celui du 11 mai, ou de l’été ou de la rentrée qui viendra à coup sûr… où sans doute il s’en trouvera plusieurs (et peut-être serons-nous de ceux-là) – à cheminer – plus ou moins solitaires et amères sur des chemins de crépuscules, nous lamentant de ce rendez-vous manqué – de cette splendide opportunité avortée –…qui aurait pu nous permettre de prendre collectivement un autre virage – qui aurait pu remettre au centre de nos préoccupations et de nos habitudes – la valeur de la relation humaine – la force et l’intérêt des circuits alimentaires courts – réformer nos dépenses insensées en énergie fossile – répondre au réchauffement climatique – par un réel réchauffement des cœurs qui puissent s’inscrire dans des comportements quotidiens plus responsables – plus solidaires,

– revaloriser les services et les soins à la personnes – et les professions qui les assurent – repenser nos rythmes et nos modes de travail- toutes ces pistes excellentes et pleine de promesses qui nous sembleront peut-être vaines – si au soir de cette crise nous constatons que la machine se relance identique à celle d’hier et voire pire, plus violente, plus inégalitaire, plus égoïste que jamais !

Et quand à l’Église, bien évidemment le danger est grand pour elle aussi de ne tirer aucun enseignement de cette expérience rare que nous traversons… nous qui il faut bien l’admettre vivons notre foi, le plus souvent perpétuellement confinés dans nos temples, nos Églises ou nos chapelles !

Cela ne peut se limiter à un investissement sur les nouvelles technologies que nous expérimentons ces jours ci– cela doit certainement nous poussez à revoir notre pertinence, notre dialogue et notre engagement social, réinvestir une vie spirituelle plus quotidienne, plus incarnée et plus fraternelle, développer infiniment plus que nous le faisons le caractère œcuménique de notre action et de notre témoignage, de notre vocation dans le monde… Le chantier est immense et le risque tout autant immense, de refermer cette période comme on ferme une parenthèse stérile.

Si demain…

Frères et sœurs, si nous nous retrouvons dans cette situation-là demain, découragés, écoeurés, désespérés non seulement pour nous même mais pour nos enfants, pour le monde et pour l’Eglise d’avoir raté ce rendez-vous…

J’espère qu’il se trouvera quelque…inconnu pour venir croiser nos pas, secouer un peu nos plaintes et dépoussiérer nos intelligences – et nous empêcher de faire ce deuil  indu trop vite et nous empêcher de laisser l’oubli faire son œuvre en nous !

Et j’espère surtout que nous aurons le même réflexe que ces deux disciples – non seulement d’avoir l’ouverture de poursuivre l’entretien (même si c’est un peu décoiffant de se laisser traiter d’imbécile !)

…mais que nous irons jusqu’à lui proposer l’hospitalité, pour ne pas laisser la nuit tomber sans qu’il partage avec nous le pain et la coupe !

… et que nos mémoires oublieuses se réveillent enfin pour le reconnaître et pour nous remettre en route :

sûr d’un seul coup que ce deuil n’est pas pour nous,

que l’espérance n’est pas morte,

qu’il nous faut vite retrouver des frères et des sœurs pour réfléchir, vivre, imaginer  et construire une nouvelle manière de vivre ensemble – pour que tout cela n’ai pas été en vain – pour que nous ne restions pas aveugle et lent à comprendre que ce chemin d’Emmaüs est bien plus que quelques lignes à la fin d’un évangile.

Vraiment Dieu était là !

Emmaüs –je vous disais que l’on peine à identifier le village précis… il se trouve dans le codex de Bèze un des plus anciens manuscrit du nouveau testament – qui a d’ailleurs été conservé ici à Lyon pendant de longs siècles, avant que Théodore de Bèze, ne le mette à l’abris des conflit religieux en l’envoyant à l’université de Cambridge… Le Codex de Bèze donne une version de ce texte originale, où il ne s’agirait pas d’Emmaüs – mais de Oula Maüs[1], un endroit bien identifié dans l’ancien testament puisqu’il s’agit en fait du lieu  où Jacob a eu son rêve d’échelle et d’anges – un lieu– connu depuis sous le nom de Beth El… lieu dont Jacob dit : « Vraiment Dieu était présent en ce lieu et je ne le savais pas ! »

Frères et sœurs je prie pour que nous puissions dire cela :  Dieu est présent dans ce chemin, dans ces événements que nous vivons – et si nous ne le savons pas encore  – cheminons ensemble, parlons ensemble, et parlons aussi avec  l’étranger qui croise notre route – risquons-nous à la rencontre… vivons l’hospitalité…jusqu’à ce que nous ayons le cœur suffisamment brûlant nous aussi Pour nous lever à notre tour, changer de direction et nous mettre en route !

Amen !

[1] D’après Louis Pernot, pasteur de l’Eglise Protestante Unie de l’Etoile https://youtu.be/vX8qS6CJhc4

 

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